Dionysos-Zagreus

Publié le par Socrates Philalethe

 

Dionysos-Zagreus

 

Zagreus est un avatar de Dionysos et son culte se fonde un mythe alternatif. Héra envoie les Titans qui attirent l'enfant Dionysos-Zagreus avec des jouets (qui resteront mystiques : la toupie, le rhombe, les osselets et le miroir), le massacrent et le découpent en morceaux. Ils les font cuire dans un chaudron ou les consomment. Une déesse reçoit, ou sauve, le cœur. Elle le place dans un coffre. Informé, Zeus foudroie les Titans. Dionysos est ensuite ressuscité. Ce mythe ressemble fortement au mythe d'Osiris restitué dans les mystères d'Isis. Zagreus signifie « grand chasseur », ce qui correspond au caractère sauvage et orgiastique de Dionysos. La cuisson et le démembrement rappellent les rituels initiatiques des chamans. Le crime des titans est donc un ancien scénario initiatique. Serait-il possible dès lors que les « titans » représente la génértion précédente de dieux hiérogamiques vaincus par les Olympiens ? 

Ariane est le double féminin de son époux Dionysos. Ariane, celle du fil, celle qui connaît les secrets du labyrinthe et qui permet au héros d’affronter le Minotaure, mi-homme mi-taureau, et surtout de ressortir, initié donc, car revenu de l’Autre Monde. Comme Dionysos, elle est divine et mortelle. Elle symbolisait à cette époque l'âme humaine. Il la rejoindra en Enfers après l’avoir faite tuée par Artémis, et il s'unira à elle. En d'autres termes, non seulement il délivre l'âme de la mort, mais il s'unit aussi à elle lors de noces mystiques. La béatitude d'outre-tombe est donc promise aux initiés.

Dionysos proclame la structure mystérieuse de son culte et explique la nécessité du secret initiatique. Les confréries dionysiaques avaient leurs propres cimetières. Les cultes, de préférence nocturnes, avaient lieu dans des grottes et de nuit.

 

 

Dyonisos

 

Il est « deux fois né ». Né d'une mortelle, Dionysos n'appartient pas de droit au panthéon des Olympiens, il réussira cependant à s'y faire accepter. Mais d’autres récits le disent fils de Perséphone la reine des Morts (ou élevé par elle). D’autres le disent fils de Déméter. Il descend souvent aux Enfers aux côtés de Perséphone, et en remonte. Il est le dieu qui « va et vient », qui « monte et descend ». Il établi la jonction entre les deux mondes. Dionysos est lié à des images de luminosité. Il est le dieu des torches. En même temps, il a un aspect sombre, nocturne, souterrain et chtonien. Sa symbolique abonde en oppositions binaires. Dionysos forme un circuit, une alternance entre ces contraires. Ses fêtes et rituels illustrent ce double aspect. 

Dionysos est un dieu mortel. Il est persécuté : tué par Persée, assassiné par les Titans... Cette persécution pourrait exprimer l'opposition rencontrée par le culte dionysiaque, car il serait arrivé tardivement en Grèce. Mais cette opposition a une signification plus profonde : elle nous renseigne sur l'expérience religieuse dionysiaque et sur la structure spécifique du dieu. Il devait soulever résistance et persécution car l'expérience religieuse absolue qu'il suscitait menaçait tout un style d'existence et un univers de valeur.

Il semble être l’héritier d’une mythologie plus anciennes ou du moins de ses couches les plus archaïques que la Raison grecque a plus ou moins dévié ou occulté, ou plutôt regroupé dans ce dieu qualifié d’étranger, mais surtout étranger à la Cité. 

Pour H. Jeanmaire : « La mania avec tout son cortège de manifestations appartient au cycle de la Grande Mère qui, en Asie Mineure, puis en Grèce, prolonge le type d'une grande déesse égéenne dont les déesses helléniques ont reflété bien des aspects. » L'ivresse, l'érotisme, la fertilité universelle, les expériences inoubliables provoquées par l'arrivée des morts, la mania, l'immersion dans l'inconscient animal ou encore l'extase surgissent d'une même source : la présence du dieu. Dionysos est ainsi souvent représenté par un phallus, ou par un taureau, animal qui symbolise bien la violence de l’énergie qui parcoure la nature.

On connaît 4 fêtes « publiques » à Athènes, dont Anthestéries la « fête des fleurs ». Ces fêtes avaient un caractère sinistre, morbide, et en même temps très festif, ludique, coloré, (fêtes mexicaines) orgiastique. Le vin y était important. Un accouplement rituel avait lieu, entre une Reine et le Dieu symbolisé par un taureau.C’est le seul exemple de culte grec où un dieu s'unit à une reine. Il semblerait aussi que le lierre terrestre ait été consommé car à petite dose il serait hallucinogène. Le lierre rejoint la même symbolique que la vigne. Dionysos semble être l’héritier de divinités initiatrices qui entraînent dans leur suite des individus qui d’une certaines manières deviennent le Dieu.

Une partie des pratiques rituelles consistaient à « déchirer avec les mains et les dents » et à « manger cru » la victime (végétal, animal, rarement humain). Les Bacchantes se considéraient comme changées en carnassier, et l’animal qu’elles tuent est déchiqueté et mangé. Ces frénésies, possessions du dieu, que l'on trouve toujours au centre des rituels dionysiaques, ont été assimilées à une sorte de folie (mania). Ce qui distingue cette folie des autres, c'est qu'elle était valorisée en tant qu'expérience religieuse 

Toutes ces caractéristiques des rituels dionysiaques sont très archaïques, et peu de dieux ont conservés un héritage aussi ancien. Ces extases signifiaient la liberté et la spontanéité au delà des interdits classiques de la société et de la morale, ce qui explique en partie l'adhésion massive des femmes.

La pièce les Bacchantes d’Euripide est le plus important document sur les cultes dionysiaques. Le culte de Dionysos est attesté dans toute la Grèce, et attire toutes les couches sociales. A l'époque hellénistique et romaine, Dionysos était le dieu le plus populaire. Son culte « public » avait été « purifié », en éliminant l'extase, et spiritualisé. 

Publié dans Pythagore

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